Fujifilm GFX100S II
Introduction
Vous êtes peut-être de ceux qui se demandent encore s'ils doivent acheter un boîtier de la gamme GFX de Fujifilm, raison pour laquelle vous atterrissez sur cette page. Peu importe ce que vous lirez dans les paragraphes suivants, il est impossible de répondre à votre place. Cependant, je peux vous conseiller de ne jamais vous limiter à la lecture de tests publiés en ligne ou dans les magazines (y compris les miens). Rendez-vous dans un magasin, demandez à voir le boîtier et à le tenir en main. Mieux encore : si vous pouvez le louer ou vous le faire prêter le temps d’un week-end. Avec quelle optique ? Le GF32-64mm f/4 R LM WR ou le GF45-100mm f/4 R LM WR. Ces deux objectifs vous donneront une bonne idée des possibilités et des limitations des boîtiers moyen format. Même si ces appareils photo ressemblent de plus en plus à des X-H2 sous stéroïdes, il ne s’agit en aucun cas d’un simple copié-collé de la gamme X avec un capteur plus large. L’habit ne fait pas le moine...
Avertissement : bien que je sois en contact direct avec Fujifilm France dans le cadre de leur programme X-Photographer, principalement pour essayer du matériel, j’ai acheté le boîtier GFX100S II qui a servi pour la rédaction de cet article à titre privé. Il en va de même pour l’ensemble des objectifs ou les autres boîtiers mentionnés tout au long du test. Fujifilm ne m’a pas rémunéré, n’a pas lu cet article avant sa publication et n’a jamais demandé que je publie quoi que ce soit.
Si vous avez déjà utilisé un boîtier hybride Fujifilm de type X-H, imaginez un instant avoir dans les mains un X-H2 ou X-H2s, plus lourd et plus costaud, dont l’autofocus aurait reçu son troisième downgrade (j’entends déjà les commentaires cyniques de certains qui vont immédiatement évoquer les problèmes d’autofocus auxquels les utilisateurs ont dû faire face et qui n’ont pas fait du bien à l’image du fabricant).
Mise à jour logicielle : plusieurs mises à jour ont été publiées par Fujifilm en novembre et décembre 2024, notamment une pour le Fujifilm GFX100S II que vous pourrez trouver sur la page suivante : https://fujifilm-x.com/fr-fr/support/download/firmware/cameras/
A ce jour, la toute dernière version du micrologiciel est la 1.10 datée du 19 décembre 2024. Vous pouvez également mettre votre boîtier à jour directement depuis l’application Fujifilm disponible sur l’App Store d’Apple ou le PlayStore de Google.
Je peux confirmer que ce boîtier, sur lequel vous salivez, et les objectifs de la gamme GF produisent des fichiers exceptionnels. Cependant, vous ne pourrez pas utiliser cet appareil avec autant de flexibilité ou d’agilité qu’avec des boîtiers APS-C ou plein format récents. Si la rapidité de mise au point et la capture précise d’objets en mouvement sont vos priorités, arrêtez là votre lecture. Pas la peine de lire la suite, les boîtiers GFX ne sont pas faits pour vous. En effet, s’il y a bien une notion à intégrer et à accepter avec l’achat d’un tel matériel, c’est le temps long (il y en a une autre, le poids, mais nous en reparlerons plus tard). Entendons-nous bien, face à des boîtiers moyen format de toute première génération, le GFX100S II fait office de formule 1. Cependant, si vous avez l’habitude de photographier avec un X-T5 ou un X-H2, vous risquez d'éprouver beaucoup de frustration si vous appréhendez la photographie moyen format de la même manière.
Je répète donc : l’autofocus est lent. La vitesse d’écriture sur les cartes SD est également lente. De même pour la lecture des photos : lente. Des photos des enfants qui courent dans le parc ? Le ratio sera faible. La photographie de rue ? Possible, mais vous allez connaître beaucoup de frustration. Le fiston en demi-finale d’une compétition d’escrime ? Il vous remerciera d’avoir immortalisé sa performance avec votre smartphone.
C’est simple : vous avez besoin d’un appareil réactif, discret et facile à sortir au bon moment ? N’achetez pas de boîtier moyen format, y compris le GFX100S II. Vous serez bien plus heureux avec un X-Pro3, un X100VI ou encore un X-T5.
Si, malgré tous mes avertissements, vous êtes convaincu que cet appareil est fait pour vous, sautez le pas et achetez-le ! Vous allez vous régaler ! Paysage, architecture, portrait, macro, astro, produits, … et même un peu de photographie de rue sont autant de domaines dans lesquels le moyen format, et en particulier ce boîtier, vont mettre des étincelles dans vos mirettes. C’est simple, une fois qu’on a goûté au moyen format, difficile de revenir en arrière. C’est un peu comme passer du DVD à la 4K : il s’agit du même film, mais avec un niveau de piqué, de contraste et de détails qui font la différence !
Prise en Main
Lorsqu’on sort le GFX100S II de sa boîte pour la première fois, on est saisi par une chose en particulier : sa taille. Il est à peine plus épais qu’un reflex numérique de dernière génération.
Et pourtant ! 102 mégapixels sur un capteur imposant, un système de stabilisation sur 5 axes embarqué, un autofocus aux caractéristiques techniques jamais vues auparavant sur un boîtier moyen format de cette gamme de prix, un viseur électronique de 5,76 mégapixels, un écran LCD tactile orientable, deux slots pour cartes SD, la possibilité de filmer en 4K, des simulations à gogo, etc. La liste est longue… et délirante. Pour faire simple, ce boîtier propose 99 % des possibilités offertes par le haut de gamme de la marque, à savoir le GFX100 II, mais à un prix nettement plus doux.
Son poids ? 883 grammes avec la batterie de type NP-W235. À titre de comparaison, le GFX 50R affichait 775 grammes, et le premier GFX100 ajoutait 1,32 kilo au sac à dos. Enfin, un Sony A7RV fait 723 grammes avec sa batterie. Si le poids du boîtier n’est plus vraiment un problème, force est de constater que les objectifs GF sont, eux, assez volumineux et lourds, avec bien souvent plus d’un kilo de verre, de métal et de plastique à ajouter à votre nouveau joujou. Amis photographes de paysage, avides de longues marches, je ne peux que vous recommander de prendre des cours de Pilates.
Plutôt que de détailler chaque élément du boîtier, je vais partager avec vous ce qui m’a plu, et ce sur quoi je suis un peu plus sceptique.
Le grip est parfaitement adapté à ma main (relativement grande et aux doigts fins). Si vous trouvez que le X-T5 est un peu trop petit, le GFX100S II sera sans doute parfait pour vous. Le boîtier du GFX100S II est recouvert d’une texture nommée BISHAMON-TEX, également utilisée sur le GFX100 II. Selon le fabricant, le motif à trois pointes, inspiré du design traditionnel japonais, n’améliore pas seulement l’allure de l’appareil, mais il assure aussi une excellente préhension. Je confirme. Bien que méfiant envers les brochures marketing, je dois admettre que cette nouvelle finition, en plus d’ajouter une touche luxueuse au boîtier, rassure énormément lorsqu’on sort le boîtier de son sac.
J’aurais aimé que l’extrusion à l’arrière du boîtier (là où vient se poser le pouce et où se trouve le bouton Q) soit un peu plus arrondie, et donc un peu plus large. Cela aurait sans doute amélioré un peu le confort global et aurait aussi permis de proposer un bouton Q plus grand. En effet, je ne peux pas garder l’œil sur le viseur si je souhaite appuyer sur ce bouton Q, et suis donc sans cesse en train de le chercher.
Le bouton ON/OFF est idéalement placé et reste bien en place dans mon sac, à la différence d'autres boîtiers comme mon X100VI qui a tendance à s’allumer au contact de la sacoche.
L’écran LCD supérieur s’avère très utile. Comme sur le GFX100 ou le GFX 50S, il reste lisible même lorsque l’appareil est éteint. On évite ainsi les mauvaises surprises. Un coup d’œil et les principaux paramètres de prise de vue sont identifiables. Je préfère de loin la présentation qui affiche l’échelle d’exposition plutôt que celle qui simule des roues de contrôle (moins lisible), ou encore l’histogramme.
La molette PSAM située à gauche du boîtier fait grincer des dents certains, en particulier ceux qui aiment le côté rétro des boîtiers Fujifilm. Personnellement, je la trouve très commode. La possibilité d’accéder en quelques secondes à des paramètres prédéfinis qui prennent même en compte le format de la photo est tout simplement géniale. A chaque C son style (par exemple : C1 pour portrait, 4/3, Classic Neg., C2 pour le noir et blanc 16/9, Acros Rouge, etc.).
Il en va de même pour le commutateur MOVIE/STILL : plus besoin d’aller chercher le mode vidéo dans le menu DRIVE. En un clic, le tour est joué !
Les connexions latérales incluent tout ce dont on peut avoir besoin pour déclencher à distance, filmer et retransmettre sur un écran externe, ou bien encore enregistrer le son et l'image.
Le viseur n’a pas la résolution du GFX100 II, mais très honnêtement, je vous mets au défi de ressentir une réelle différence au quotidien. Le fait qu’il ne soit pas amovible ni orientable ne me pose pas de problème. Pour la photographie de paysage ou les portraits en studio, j’utilise principalement l’écran LCD ou bien mon MacBook Pro relié au boîtier via la connexion USB-C.
L’écran LCD arrière est le même que sur le GFX100 II. Il est lumineux et parfaitement lisible. Tactile, il répond au toucher avec fluidité et permet de passer en revue ou de zoomer facilement ses photos, même quand un verre de protection est placé dessus. Son format 4:3 est tout simplement génial.
Enfin, la batterie. Elle tient la charge et vous permettra de photographier toute une journée sans stress. J’ai tendance à revoir mes clichés sur l’écran LCD arrière plusieurs fois par sortie, et une batterie me laisse faire 500 à 600 clichés avant que je doive la remplacer. Cerise sur le gâteau, cette batterie est désormais presque utilisée sur tous les boîtiers de la marque, ce qui offre une plus grande flexibilité entre appareils. Plus besoin d’emporter différents chargeurs et batteries avec soi.
Puisqu’on parle de batterie, passons aux sujets qui fâchent un peu.
Avec un prix public de 5 499 euros pour le boîtier nu, on peut raisonnablement se demander pourquoi le chargeur externe n’est pas fourni avec l’appareil. Ce n’est pas la première fois que Fujifilm fait cela, mais dans la gamme GFX, cette pratique est plus que discutable. Vous pouvez bien évidemment charger la batterie directement depuis votre boîtier grâce au câble USB-C fourni, mais cela immobilise le GFX100S II pendant la charge. Conclusion : l’achat d’un boîtier externe est inévitable (ce que j’ai fait).
L’absence de compartiment pour carte CFexpress est rageante. Même le X-H2 est plus complet. Alors oui, le GFX100S II reprend exactement les traits du GFX100S, cependant une petite adaptation n’aurait pas fait de mal. Entre une compatibilité CFexpress ou la texture BISHAMON-TEX, je vous laisse deviner ce que j’aurais préféré avoir. Les cartes SD les plus rapides du marché ne permettent pas d’obtenir les débits des cartes CFexpress les plus basiques et cela se ressent franchement avec un boîtier dont le capteur fait plus de 100 mégapixels.
Le joystick arrière est un peu plus agréable à utiliser que sur le GFX100S, mais il est fastidieux de le maîtriser, notamment pour pouvoir cliquer dessus. Je lui préfère largement celui du GFX 50R, qui fait peut-être moins professionnel, mais qui a le mérite d’être très réactif et efficace.
J’aurais aussi aimé disposer de quelques boutons personnalisables supplémentaires. Vous ne serez pas en manque, mais seul le GFX100 II propose aujourd’hui plus d’options.
Enfin, moins dramatique et sans doute un peu utopique de ma part, je rêve d’un boîtier dont le socle serait façonné pour être compatible Arca-Swiss. Vous pouvez toujours acheter des socles additionnels – proposés en option par Fujifilm (MHG-GFX S) – toutefois là encore, pourquoi ne pas avoir aussi dessiné et proposé un L-Bracket complet ? Je vous indiquerai plus tard les accessoires que j’utilise avec mon GFX 100S II.
Vous l’aurez compris, le GFX100S II est superbement construit. N’ayez aucun doute sur la qualité de finition ni sur sa durabilité. C’est un véritable appareil tout terrain, un trait d’union entre toutes les innovations les plus récentes de Fujifilm. Si je chipote un peu, c’est parce qu'en nerd averti, je veux toujours plus, mais je dois reconnaître que ce boîtier offre un rapport qualité/performance/prix unique sur le marché des appareils moyen format.
Réactivité et Autofocus
Ayant eu l’occasion d’utiliser les GFX 50R, GFX 50S et GFX100S, je constate que Fujifilm a franchi un cap notable avec le GFX100S II. Équipé du même processeur que les boîtiers de dernière génération (X-H2, X-T5…), il bénéficie d’une puissance de calcul accrue pour l’autofocus. Il intègre également la détection d’objets (voitures, motos, vélos, avions, oiseaux, etc.), déjà présente sur la série X (X-H2, X-H2S…). Bien que moins réactive que sur les APS-C dédiés à la vitesse, cette nouveauté représente une avancée significative pour un moyen format.
Rafale et suivi de sujet
Avec une cadence de 7 images par seconde, le GFX100S II offre des performances correctes pour un moyen format, même s’il ne saurait rivaliser avec les boîtiers APS-C ou plein format actuels sur des sujets en mouvement rapide. Le « hit ratio » demeure limité lorsque les sujets se rapprochent de l’appareil. Toutefois, en mode portrait (en studio ou en extérieur), la précision du suivi du regard et du visage s’avère nettement améliorée : la transition d’un visage à un autre ou la bascule d’un œil à l’autre se fait plus rapidement et plus harmonieusement. Le boîtier maintient la netteté sur l’œil d’une personne se déplaçant à vitesse modérée, sous réserve d’une bonne luminosité.
Stabilisation aux petits oignons
8 IL ! C’est ce que Fujifilm annonce officiellement pour ce boîtier moyen format. Il m'est impossible de vérifier de façon scientifique le marketing du fabricant, mais je peux témoigner que prendre des photos à main levée en environnement très sombre est un jeu d'enfant. La photo du Teatro La Fenice et celle du canal dans Venise que vous voyez plus haut dans cet article ont été prises à main levée. Dans les deux cas, à ISO 6400. Pour la première à f/16 et 1/5 sec. La deuxième à f/8 et 1/7 sec. Celle ci-dessous, à f/16 et 1/15 sec. toujours à ISO 6400.
Comportement en basse lumière
Grâce à la montée en ISO et à la taille du capteur, la détection fonctionne désormais de manière plus satisfaisante dans des conditions de faible luminosité. Cependant, l’autofocus reste laborieux dans certains cas, même avec un objectif comme le GF110mm doté de moteurs linéaires plus rapides. Les photographes de mariage ou de soirées pourraient encore rencontrer des difficultés et préférer recourir à la mise au point manuelle à partir du moment où la lumière décline (par exemple après 18 heures en hiver).
Améliorations récentes et limites persistantes
La récente mise à jour de l’autofocus améliore la constance de la mise au point en mode AF-C. Malgré tout, Fujifilm accuse encore un léger retard sur la concurrence dans ce domaine, tous formats confondus. Cela étant dit, le GFX100S II se montre nettement plus réactif que les précédents boîtiers moyen format de la marque. Il se rapproche des performances habituelles d’un reflex ou d’un hybride 24x36, même si l’on reste un cran en dessous des appareils spécialisés dans l’action ou le sport (X-H2S, Sony A9/A1, Canon R3, etc.).
Enfin, la détection des yeux, des visages, des animaux et des véhicules s’avère désormais suffisamment fiable pour envisager l’utilisation de ce moyen format dans de nombreux contextes. Seul le « grand frère » GFX100 II fait un peu mieux avec sa rafale à 8 images par seconde.
Je maintiens donc l’avertissement initial : si vous souhaitez pratiquer la photo sur des sujets où la vitesse est essentielle, passez votre chemin. Vous ferez des économies et éviterez des frustrations XXL. Pour tous les autres, vous avez désormais à votre disposition sur le marché un des boîtiers moyen format les plus rapides et plus fiables qui existent.
Qualité des images
Si vous ne souhaitez pas perdre de temps à lire la suite, je peux la résumer en un seul mot : « Waouh ! »
Le GFX100S II reprend la même résolution que son aîné (le GFX100S), mais l’architecture du capteur a semble-t-il été retravaillée pour optimiser la capture de la lumière. Sur le terrain, cela se traduit par une nette amélioration du micro-contraste et par une restitution plus subtile des détails dans les zones de texture fine, comme les cheveux ou certains tissus complexes.
Si Hasselblad se vante (à juste titre) d’offrir en sortie de capteur une restitution des couleurs incroyablement précise, Fujifilm n’est pas en reste avec ses boîtiers, en particulier le GFX100S II. C’est tout simplement bluffant. Les tons chair conservent une apparence naturelle, tandis que la science colorimétrique de Fujifilm excelle toujours dans la reproduction des teintes chaudes et les dégradés délicats. La possibilité de personnaliser les simulations de film (Velvia, Astia, Provia, Classic Chrome, etc.) est un atout indéniable pour ceux qui aiment peaufiner l’atmosphère de leurs images dès la prise de vue. Si j’utilise ces simulations lors de la prise de vue pour éventuellement partager des clichés via smartphone dans la foulée, je dois reconnaître qu’une fois chez moi, je développe chaque cliché avec Lightroom, DXO Photolab ou encore Capture One.
La dynamique du capteur est aussi impressionnante. C’était déjà le cas avec les anciens boîtiers de la marque, mais je reste encore aujourd’hui bouche bée face à la latitude d’exposition qui permet de récupérer de la matière dans les hautes lumières et les ombres. À chaque fois, même en poussant les curseurs dans les extrêmes, le bruit reste relativement discret et la colorimétrie demeure stable. C’est dingue !
La netteté et les détails sont à couper le souffle, et une véritable marge de manœuvre est offerte pour le recadrage en post-production, que ce soit en photographie ou en vidéo. Bien entendu, les 102 mégapixels aident grandement, mais on pourrait s'attendre à des dégradations de la qualité ; or, il n'en est rien. Associé à des objectifs à focale fixe comme le GF110 mm f/2 ou le GF80 mm f/1.7, le piqué des photos est absolument exemplaire. J’avoue passer beaucoup de temps (trop de temps) à zoomer sur les clichés pour déceler la moindre faiblesse ou chute de netteté à pleine ouverture. C’est totalement inutile, mais incroyablement jouissif.
Côté ISO, le boîtier descend désormais à 80 ISO, et comme pour le GFX100 II, la gestion du bruit numérique est parfaitement contenue grâce au traitement interne du boîtier jusqu’à 6 400 ISO. Un coup de DeepPRIME XD/XD2s sur les fichiers bruts dans le module de développement de Photolab, et le tour est joué ! Hallucinant.
Les éléphants dans la pièce
Avant de conclure ce test, il convient d’aborder deux aspects déterminants dans le choix d’un équipement moyen format : le prix et le poids. Ces deux éléments doivent être soigneusement évalués avant de s’engager dans cette voie.
Un coût d’investissement conséquent
Le boîtier, affiché à 5499 € au moment où j’écris ces lignes, ne représente que la partie émergée de l’iceberg. Il faut ensuite ajouter l’acquisition d’un ou plusieurs objectifs, dont le tarif peut rapidement faire grimper la note. Par exemple, en choisissant les deux zooms GF32-64 mm et GF45-100 mm, comptez environ 4 900 € de plus. Bien sûr, l’achat en occasion ou la surveillance des promotions proposées par Fujifilm peuvent aider à réduire l’addition. Cependant, il est pertinent de s’interroger sur l’éventail de matériel auquel on pourrait prétendre dans la gamme X avec un budget avoisinant les 10 500 €.
La question de la configuration informatique
Même si vous décidez de franchir le pas, n’oubliez pas de prendre en compte les exigences en termes de puissance informatique et de stockage. Un fichier RAF (RAW) occupe en moyenne 65 Mo, contre 45 Mo pour un JPEG. La création de panoramas composés de 5 ou 7 images, notamment sous Photoshop ou Lightroom, sollicite d’autant plus les ressources système. Dans ce contexte, un MacBook Pro M3 Pro avec 48 Go de RAM peut devenir un investissement quasi indispensable, sachant qu’un minimum de 32 Go s’avère déjà nécessaire pour travailler confortablement ces fichiers volumineux (mon propre MacBook Pro M1 Pro et ses 16 Go de RAM peinent lors du traitement de panoramas).
D’autres frais à anticiper
Si cela ne suffisait pas, prévoyez éventuellement l’achat de batteries supplémentaires, d’un chargeur externe ou encore d’un L-Bracket. En résumé, la photographie moyen format offre indéniablement une qualité et un plaisir d’utilisation exceptionnels aux passionnés avertis, mais cet univers implique un budget élevé qu’il est essentiel de bien mesurer avant de se lancer.
L’heure du bilan
Difficile de faire la fine bouche devant les qualités offertes par le GFX100S II. Grâce à un rapport qualité/prix très compétitif, il se permet même d’être 500 € moins cher à son lancement que le GFX100S. Plus léger et doté d’un autofocus plus rapide, d’un viseur mieux défini, ainsi que d’un capteur plus sensible et d’une finition exemplaire, il possède de nombreux atouts pour séduire la majorité des photographes. Certains estimeront même qu’il propose un meilleur compromis que le GFX100 II, plus onéreux et à peine plus performant dans certains domaines.
Les avantages
Qualité d’image : restitution des détails et rendu colorimétrique de haut vol, typique de la gamme moyen format.
Autofocus amélioré : net gain en rapidité et en précision par rapport à la génération précédente, tout en restant en deçà des boîtiers spécialisés dans l’action.
Ergonomie et viseur : viseur plus défini et prise en main très confortable.
Rapport qualité/prix : moins cher à son lancement que son prédécesseur, offrant un positionnement tarifaire très intéressant pour un moyen format.
Les inconvénients
Coût global : malgré un prix de lancement plus doux, l’investissement initial reste conséquent (boîtier + objectifs + accessoires).
Encombrement : plus compact qu’un moyen format classique, mais toujours plus volumineux et lourd que la majorité des appareils plein format ou APS-C.
Traitement des fichiers : le capteur haute résolution produit des fichiers très lourds, nécessitant un ordinateur et un espace de stockage adaptés.
AF perfectible : bien que nettement amélioré, l’autofocus ne rivalise pas encore avec les boîtiers dédiés au sport ou à la photo animalière ultrarapide.
En définitive, si vous êtes prêt à assumer les conséquences physiques (poids, encombrement) et financières (matériel photo et informatique) d’un tel investissement, vous serez largement récompensé par la qualité des images, aussi bien à l’écran que sur papier. Le GFX100S II se positionne comme un best-seller capable de redéfinir la gamme moyen format de Fujifilm et de bousculer les habitudes des photographes en quête d’une expérience haut de gamme. Les concurrents n’ont qu’à bien se tenir.
Crédits photos : toutes les photos de matériel ont été fournies par Fujifilm France. Tous les autres clichés sont la propriété de Patrice Michellon.